Le régime syrien accusé de "massacre à échel...
Réalisé par trois anciens procureurs internationaux, un rapport rendu public lundi accuse Damas d'avoir procédé à l'éxecution méthodique de plus de 10 000 détenus.

Des civils syriens dans une rue dévastée après des bombardements de l'armée à Alep le 18 janvier 2014
Dans un rapport publié sur le site internet du Guardian et sur celui de la chaîne de télévision américaine CNN, trois anciens procureurs internationaux accusent la Syrie de massacres à grande échelle et de tortures.
Que dit précisément le rapport ?
Il relate sur 31 pages ce qui semblerait être le massacre organisé de prisonniers syriens par Damas. Le principal témoin, dont le travail aurait consisté à prendre des photos des cadavres des détenus, parle de 50 cadavres photographiés chaque jour par ses collègues et lui.
Ce témoin, qui apparait sous le nom de Caesar pour le protéger et protéger sa famille, relate que les corps des détenus ne porteraient pas de nom, mais un numéro. Sur les photos présentées dans le rapport, tous les cadavres semblent décharnés, et portent des marques de coups. Caesar décrit aussi des traces de brûlures et d'étranglement. Certains cadavres n'auraient plus leurs yeux, et d'après les experts légistes qui ont étudié ces documents, les photos des cadavres les plus jeunes montreraient des traces d'électrocution.
Pour les auteurs du rapport, le fait que des personnes aient été en charge de photographier chaque cadavre, désigné uniquement par un numéro, indique que la mise à mort des détenus aurait été planifiée et bien organisée. 55000 photos ont été envoyées par Caesar, ce qui correspondrait à 11000 personnes. La plupart des corps semblent appartenir à des hommes jeunes, entre 20 et 40 ans. Aucun enfant ne figure sur ces photos.
Quelles sont les sources ?
La source principale est un déserteur de la police militaire syrienne, qui apparait dans le rapport sous le nom de code de "Caesar". Depuis 3 ans, le travail de Caesar aurait consisté à prendre en photo les cadavres des détenus. Caesar aurait dû également informer les familles des détenus que leur proche était mort à l'hôpital d'une crise cardiaque ou de problèmes respiratoires. C'est parce qu'il était horrifié par ces actes dont il était témoin a posteriori que ce témoin aurait décidé d'envoyer des copies de ces photos à un proche, qui a quitté la Syrie 5 jours après le début de la guerre civile.
Qui sont les auteurs ?
Les auteurs de ce rapport ne sont pas des débutants : il s'agit de trois anciens procureurs internationaux. Desmond de Silva est l'ancien procureur en chef du tribunal spécial pour la Sierra Leone, Geoffrey Nice est l'ancien procureur en chef lors du procès de l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic, et David Crane a inculpé le président libérien Charles Taylor. Tous les 3 ont jugé le témoin et ses preuves crédibles après les avoir soumis à "un examen rigoureux", et ont mis le résultat de leur travail à la disposition de l'ONU, des gouvernements et des organisations de défense des droits de l'Homme.
Quel lien avec le Qatar ?
Le rapport a été commandé par le Qatar, un pays qui soutient les rebelles syriens. Le fait que ce rapport sorte dans la presse à quelques jours du début des négociations pour la paix en Syrie à Genève n'est évidemment pas un hasard.
Dans une interview exclusive à l'AFP, le président syrien Bachar al-Assad indique qu'il y a de "fortes chances" qu'il brigue un nouveau mandat en juin, il a également exclu de partager le pouvoir avec l'opposition.
L'intégralité du rapport est à consulter en ligne sur le site du Guardian. Attention, il contient des photos qui peuvent choquer
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